lundi 9 février 2015

LA MER I



La mer

Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
La mer calme, la mer au murmure endormeur,
Au large, tout là-bas, lente s’est retirée,
Et son sanglot d’amour dans l’air du soir se meurt.
La mer fauve, la mer vierge, la mer sauvage,
Au profond de son lit de nacre inviolé
Redescend, pour dormir, loin, bien loin du rivage,
Sous le seul regard pur du doux ciel étoilé.
La mer aime le ciel : c’est pour mieux lui redire,
À l’écart, en secret, son immense tourment,
Que la fauve amoureuse, au large se retire,
Dans son lit de corail, d’ambre et de diamant.
Et la brise n’apporte à la terre jalouse,
Qu’un souffle chuchoteur, vague, délicieux :
L’âme des océans frémit comme une épouse
Sous le chaste baiser des impassibles cieux.

Nérée Beauchemin
Charles-Nérée Beauchemin (1850-1931) est un écrivain et médecin québécois



Source d'inspiration toujours renouvelée pour le peintre....




 
Albert Bierstadt-Mer et ciel
 
 
 
 
Albert Bierstadt-LA VAGUE
 
 
 
 
Albert Bierstadt-SEASCAPE
 
 
 
Albert Bierstadt (7 janvier 1830 - 18 février 1902), est un peintre américain d’origine allemande, connu pour ses paysages de l'Ouest américain. Bierstadt faisait partie de l’Hudson River School, un groupe informel de peintres du XIXe siècle pratiquant une peinture romantique, baignée d’une lumière radieuse.
Pendant sa longue carrière, Bierstadt a produit plus de 500 toiles.
 
 

 
 
 

dimanche 8 février 2015

SPORTS D'HIVER I



Une large part des peintures flamandes et hollandaises représentant des paysages hivernaux figurent de nombreux patineurs et joueurs de golf évoluant sur des rivières ou canaux gelés.
C'est que, chez les Hollandais, « le sport hivernal était le patinage », explique Paul Zumthor. « Durant les quelques semaines où lacs et canaux étaient gelés, personne ne quittait plus ses patins.
Jeunes et vieux, hommes et femmes, prédicants, magistrats, princes, tout le monde vivait sur la glace. On se passionnait, il y avait des champions célèbres », ajoute-t-il, précisant qu'« à La Haye, les jeunes nobles organisaient des courses de traîneaux sur les canaux proches du palais ».
Il est aussi intéressant de constater que cette « mode » correspond à une oscillation climatique connue sous le nom de Petit âge glaciaire (entre 1350 et 1860, avec un climax entre 1565 et 1665).


 
ESAIAS VAN DE VELDE-1618
 


 
ESAIAS VAN DE VELDE-1629 PAYSAGE D'HIVER
 
Esaias Van de Velde dit l'Ancien est un peintre de batailles et aquafortiste néerlandais, baptisé le 17 mai 1587 à Amsterdam et enterré le 18 novembre 1630 à La Haye.
Il est le fils et l'élève de Hans van de Velde (Anvers, 1552 - Amsterdam, 1609).
 
 
 
 
ANTHONIE VERSTRAELEN-vers 1623 PAYSAGE D'HIVER
 
Anthonie Verstraelen , également nommé Anthony Rays ( Gorinchem , 1593 - Amsterdam , 1641 ), était un peintre paysagiste hollandais, et, comme Henry et son neveu Barent Avercamp connu surtout pour ses scènes d'hiver.
 
 
 
 
JAN VAN GOYEN-1625 HIVER
 
Jan Josephsz Van Goyen (Leyde  13 janvier 1596 – La Haye 27 avril 1656) est un peintre et dessinateur de paysages néerlandais (Provinces-unies) du siècle d’or. Van Goyen a laissé beaucoup de peintures représentant des chemins forestiers, des rivières, des lacs et des canaux des environs de La Haye, Rotterdam, Delft, Dordrecht, Leyde, Gouda, Arnhem et Emmerik.
Vers 1615/1616, alors âgé de 19 ans, il entreprend un voyage d'étude en France en compagnie de son ancien maître, avant de venir poursuivre sa formation à Haarlem vers 1617 auprès d’Esaias Van de Velde, qui lui enseigne un nouveau style pictural. En 1618, il revient dans sa ville natale, s'y marie et y intègre la guilde de Saint-Luc. En plus d'être peintre, il exerce également (comme Vermeer) l'activité de marchand d’art – il sera d'ailleurs fait appel à lui en qualité d'expert.
Les œuvres de Van Goyen appartiennent au baroque.
 
 
 
 
Hendrik Avercamp-1610 ca Scène d'hiver avec patineurs près d'un château
 
Hendrick Avercamp, (1585 - 15 mai 1634), est un peintre néerlandais.
Avercamp est l'un des grands peintres de l'école hollandaise du XVIIe siècle, spécialiste comme nul autre des paysages ou scènes d'hiver, des environs de Kampen et de la rivière Ijsel.
Les tableaux vivants et colorés d'Avercamp, sur des formats réduits tout en largeur, mettent en scène de nombreux personnages de toutes classes finement dessinés, dans leurs divertissements ou leurs travaux quotidiens. Par ses évocations des effets subtils de la lumière hivernale et la minutie de ses représentations, Avercamp est considéré comme un grand observateur, bien qu'il n'ait probablement jamais, ou seulement très rarement, songé à figurer des lieux en reproduisant strictement la réalité.

Ses œuvres les plus anciennes manifestent son intérêt pour les détails narratifs dans le goût de Pieter Brueghel l'Ancien, créateur, dans la tradition des calendriers illuminés, du genre particulier du paysage hivernal, dont il a dû connaître à Amsterdam le Paysage d'hiver avec patineurs et trappe à oiseaux (1565, Musées royaux des beaux-arts de Belgique) ou l'une de ses copies réalisées dans l'atelier de Pieter Bruegel le Jeune.
Ainsi rencontre-t-on souvent, dispersés au milieu de la multitude de promeneurs, patineurs ou joueurs de golf représentés, quelques éléments triviaux familiers à la tradition flamande, hommes faisant leur besoin, femme venant de tomber dans une position impudique, couple enlacé. On retrouve semblablement chez Avercamp des éléments caractéristiques de la technique de Pieter Brueghel l'Ancien, perspective à vol d'oiseau et horizons haut placés, lacis décoratif des branches de très grands arbres dénudés, rythmes de la progression spatiale depuis les premiers plans, éparpillement de la couleur dans la composition.
 
 
 
 
AERNOUT VAN DER NEER-1648
 
 

 
AERNOUT VAN DER NEER-vers 1650 RIVIERE GELEE EN HIVER
 
Aernout van der Neer (ou Aert ou Artus), né à Gorinchem (Hollande-Méridionale) en 1603 ou 1604 et mort à Amsterdam le 9 novembre 1677, est un peintre paysagiste du siècle d'or néerlandais, spécialiste des paysages d'hiver et des paysages nocturnes.
 
 
 
On remarquera dans plusieurs de ces tableaux des joueurs de crosse, ancêtre de notre hockey sur glace. Un siècle plus tôt Pieter Brueghel L'ancien avait introduit une scène similaire en arrière plan de son tableau "Chasseurs dans la neige"
 
 
 
Pieter Brueghel the Elder-1565 Chasseurs dans la neige (DETAIL)
 
Pieter Brueghel ou Bruegel  dit l'Ancien est un peintre brabançon né à Bruegel (près de Bréda) vers 1525 et mort le 9 septembre 1569 à Bruxelles.
Avec Jan van Eyck, Jérôme Bosch et Pierre Paul Rubens, il est considéré comme l'une des quatre grandes figures de l'École hollandaise.



 

HIVER I

L'hiver avec sa neige et ses frimas a de tous temps inspiré les peintres, en particuliers les flamands et les hollandais dès le 16ème siècle.

Pieter Brueghel l'Ancien (1525-1569) peut être considéré comme le créateur de la tradition du paysage hivernal.

Dans son ouvrage Weather (1981), William James Burroughs analyse la représentation picturale de l'hiver et constate que la majeure partie des œuvres abordant ce thème ont été produites entre 1565 et 1665, ce qui correspond à un déclin climatique enregistré dans les glaces à partir de 1550.
Très peu de représentations hivernales ayant été dénombrées auparavant, il est probable que l'hiver particulièrement rude de 1565 ait inspiré de nombreux artistes.
On peut ainsi noter que toutes les peintures de Bruegel l'Ancien où la neige est souvent un élément central ont été réalisées en 1565. Entre 1627 et 1640, la production des Paysages d'hiver s'amoindrit, ce qui correspond à un réchauffement léger des températures mais peut signifier que le thème ait été considérée comme suffisamment traité.
Par contre, le déclin final des peintures traitant de l'hiver ne coïncide pas avec une amélioration franche des conditions climatiques : Burroughs avance donc que l'effet de mode a joué.


 
Pieter Bruegel the Elder-1565 LES CHASSEURS DANS LA NEIGE
 
 
 
Pieter Bruegel the Elder-1565 PAYSAGE D'HIVER
 
 
Les scènes bibliques peintes par Brueghel l'Ancien, telles Le Recensement ou L'Adoration des Rois, sont elles aussi dans les paysages enneigés...
 
 
 
Pieter Brueghel the Elder-1566 CENSUS AT BETHLEHEM
 
 
 
Pieter Brueghel the Elder-1557 L'ADORATION DES ROIS MAGES DANS LA NEIGE
 
 
 
 
 
 
 

CHAT ET RAT

 
 
 
Adolf von Becker-Chat gris endormi et rat
 
 
Adolf von Becker (1831, Helsinki - 1909, Vevey , Suisse ) était un peintre finlandais.

Adolf von Becker était un peintre réaliste et un des premiers artistes finlandais à recevoir une formation en France.

A Paris , il fut l'élève de Gustave Courbet. Becker a ouvert sa propre école en Finlande où il a enseigné à Helene Schjerfbeck , Albert Edelfelt et Akseli Gallen-Kallela.


 
ADOLF VON BECKER
 
 
 
 





MAN RAY, POUR EN FINIR AVEC LE VIOLON D'INGRES...

 
 
 
 
MAN RAY-1924 LE VIOLON D'INGRES
 
Une femme nue, assise de dos, la tête tournée vers la gauche, nous laisse entrevoir une partie de son visage. Ses hanches sont drapées d’une étoffe légère tandis qu’un turban orientalisant enveloppe ses cheveux. Son corps se détache sur un arrière-plan uni qui contraste avec le motif en damier du tissu sur lequel elle est assise. Cette femme n’est pas un modèle anonyme mais une personnalité du Paris des années folles : il s’agit de la chanteuse et actrice Kiki de Montparnasse – de son vrai nom Alice Prin (1901-1953) – qui était également, à cette époque, la muse et compagne du photographe. Célèbre pour sa beauté, elle inspira également d’autres grands artistes, tant photographes (Brassaï) que peintres (Modigliani, Foujita) ou sculpteurs (Calder). Dans l’angle inférieur droit de l’image, le photographe a apposé sa signature, tel un peintre au bas de sa toile : « Man Ray, 1924, Paris ».

C’est à New York, en visitant la Galerie 291 d’Alfred Stieglitz, que Man Ray – de son vrai nom Emmanuel Radnitsky – découvrit la photographie. Lui qui était alors peintre adopta progressivement ce nouveau médium à partir de 1915 jusqu’à en faire son principal mode de création, allant même jusqu’à détruire ses peintures. Sa rencontre décisive avec Marcel Duchamp le décida à quitter les États-Unis en 1921 pour s’installer à Paris où il vécut jusqu’en 1940. Dès son arrivée, Duchamp lui présenta les membres du groupe Dada et notamment André Breton qui diffusa bientôt les créations photographiques du jeune américain. Les fréquentations de Man Ray lui permirent rapidement de devenir le portraitiste des intellectuels et des artistes les plus influents de l’époque, chaque rencontre lui ouvrant de nouveaux horizons (ainsi de Gertrude Stein qui lui présenta Picasso et Braque). Grâce à son inventivité et son audace, il connut le succès et enchaîna les commandes, travaillant notamment pour d’importants magazines de mode (Vogue, Vanity Fair). Il réalisa également des films expérimentaux (Le retour à la raison, 1923). Mais son succès lui vint principalement des innovations qu’il apporta à la pratique de la photographie. Influencé par l’esprit Dada puis par le Surréalisme, il popularisa l’usage du photogramme (auquel il donna le nom de « rayographie »), réalisant par ce biais des compositions assimilables à des ready-made ou des collages modernistes. Il sut également tirer profit des possibilités graphiques de la surimpression qui lui permettait d’associer des éléments distincts et d’en modifier ainsi le sens premier. Enfin, il fit d’un accident de laboratoire – la solarisation – un nouveau mode d’expression photographique.

Cependant Le violon d’Ingres – sans doute sa photographie la plus connue – ne recourt à aucune de ces trois innovations. Sa composition classique est une citation directe de la Baigneuse de Valpinçon (1808), célèbre étude de nu du peintre néoclassique Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), visible au musée du Louvre depuis 1879. Afin de souligner l’analogie des formes féminines avec celles d’un instrument à cordes, Man Ray dessina sur l’épreuve, à la mine de plomb et à l’encre de chine, deux ouïes de violon, transformant ainsi le corps du modèle en instrument de musique.
La signification de cet acte est multiple. Il faut tout d’abord y lire le goût dadaïste de Man Ray pour les assimilations formelles, tendance déjà exprimée dans d’autres œuvres (cf. Woman, 1920, représentant… un batteur à œufs photographié en contre-plongée !). Cette composition est d’autre part un calembour, une sorte de charade visuelle : la pose du modèle fait écho à la célèbre toile d’Ingres tandis que les formes de la femme font référence à celles d’un violon. Le titre combine quant à lui ces deux éléments, recréant ainsi l’expression populaire de « violon d’Ingres ». Cette formule, désignant une activité que l’on aime pratiquer sans que cela soit son activité principale, dérive en effet de la passion d’Ingres pour le violon. Enfin, Le violon d’Ingres est également, d’une certaine manière, un manifeste stylistique pour Man Ray qui parodie ici, avec humour et ironie, l’œuvre d’un peintre aux conceptions artistiques à l’opposé de celles du Surréalisme naissant ou des provocations Dada.
 
 
 
 
Man Ray jeune par Alfred Stieglitz
 
 
 
 
 
"Man Ray est un photographe d'origine new-yorkaise qui est venu s'établir en Europe, à Paris en fait, au début des années 20. Il s'est associé aux artistes qui alors se groupaient autour de Breton et qui allaient fonder le mouvement surréaliste. En raison de ce que représente la photographie telle qu'il la pratique avec la plus grande liberté et un sens de l'inventivité qui étonnera sans cesse, il deviendra un personnage central dans la saga surréaliste. On peut songer, par exemple, aux photographies qui illustrent les trois romans d'André Breton, Nadja, Les vases communicants et L'amour fou dont Man Ray compte parmi les auteurs. Il est assez significatif que d'un roman à l'autre, le traitement photographique choisi par Breton suive un mouvement qui marque un déplacement vers une photographie de moins en moins documentaire (au sens d'une relation mimétique avec un référent: par exemple les nombreuses places dans Paris évoqués et illustrées dans Nadja) et de plus en plus autonome jusqu'à ce que l'image produite signifie par le simple mouvement de la lumière et de l'ombre en dehors de toute reconnaissance du référent. Bref, cette série photographique marque de façon nette, le passage à un art non-figuratif.
André Breton possédait, dans sa collection privée la pièce ici présentée, "Violon d'Ingres". Il est assez révélateur que cette pièce corresponde, d'un point de vue artistique, aux photographies que Breton choisira pour illustrer non pas Nadja qui date de 1928, mais bien L'Amour fou dont l'illustration a été préparée, par Breton, en 1937. Il semblerait, ce qui n'est pas sans étonner, que pour l'avancée de l'imaginaire surréaliste, mais du strict point de vue de l'invention photographique, Man Ray ait pu précéder Breton.
 

 Il s'agit là d'un simple artefact, soit une photographie (argentique) en noir et blanc sur laquelle ont été superposées deux traces d'encre. La photographie représente le dos d'une jeune dame tandis que les taches d'encre superposées reproduisent le contour des ouvertures que l'on trouve sur les instruments de la famille du violon, permettant l'expulsion des ondes sonores et que l'on nomme les ouies

La jeune dame vue de dos tourne la tête de 3/4 de sorte que l'on aperçoit le profil de son visage. Sa tête est revêtue d'un bonnet qui cache sa chevelure. Le bas du dos et la naissance des fesses ont été rendus visibles par la chute d'un vêtement qui forme une sorte de couronne autour du bassin. Les bras sont totalement repliés vers l'avant de sorte qu'ils sont invisibles, ne laissant apparentes que les épaules dont la bordure forme une ligne continue avec celle du dos. La dame est assise sur ce qui semble être la bordure d'un lit recouvert d'une couverture. Le fond de la photographie n'est fait que d'un noir uniforme sauf une pièce de bois, à la gauche que l'on distingue à peine et qui est vraisemblablement une plinthe laissant deviner la rencontre du plancher et du mur. Enfin une lumière, originant de la droite, éclaire le dos d'une façon presque uniforme, ne laissant qu'une faible marge d'ombre sur l'extrémité gauche du corps.
Le blanc du dos contraste avec les deux ouies très noires et le caractère sombre du fond de la scène. En fait, les ouies marquent un creux ou un vide, une obscurité alors que le dos, tout blanc, inscrit un plein de chair. A travers le blanc et le noir, on aperçoit la texture du papier.

Un des traits marquants de ce montage photographique tient dans son caractère abstrait en ce que le sujet est isolé de tout environnement. De plus l'absence des bras vient accentuer ce caractère abstrait. Le montage nous paraît, au premier contact, comme un objet-là (le dasein des Allemands), c'est-à-dire comme un artefact qui existe par lui-même indépendamment de toute contextualisation. Cet artefact ne soulève aucune émotion chez celui qui le regarde. Cet objet n'atteint pas à la signification par lui-même, précisément en raison de son caractère abstrait. L'analyse sémiotique qui suit portera sur cette question de la signification.
 
"Violon d'Ingres" appartient, de façon bien typique, aux expérimentations des premières années du mouvement surréaliste; je pense, par exemple, aux Ready Made de Duchamp (que Man Ray avait d'ailleurs connu et fréquenté à New York, à l'époque du dadaïsme américain); l'innovation des dadaïstes tient entre autres dans l'utilisation d'un matériau qui a déjà sa place dans la vie courante et qui est détourné de son lieu, abstrait comme on l'a suggéré précédemment, pour être replacé dans un nouvel environnement et, ainsi, générer une ou des significations nouvelles. Je reprends cette même analogie: une des premières pièces de Duchamp, Roue de Bicyclette, est faite d'un montage de deux objets, une roue de bicyclette en position inversée et superposée à un tabouret; ce type de montage se saisit d'objets quotidiens, en fait son matériau en les plaçant dans une configuration nouvelle: le sens antérieur de l'objet est à la fois reconnu et nié alors qu'un nouveau sens demeure obscur, laissant imaginer une signification qui est encore à venir; sur le plan de la signification ce sont là, des objets qui restent ouverts.
 
Ces montages correspondent fort justement à la définition bien connue de la métaphore que Breton présentait dans le texte du premier manifeste, en se référant à Pierre Reverdy: plus la relation entre les deux termes sera éloignée et juste, plus l'image sera forte.... Puis il poursuivait avec l'exemple suivant: la rencontre d'une machine à coudre et d'un parapluie sur une table d'opération, emprunté à Lautréamont. Les objets ainsi présentés sont paradoxaux dans la mesure où, étant reconnus, ils conservent la référence à leur existence, mais ils deviennent les constituants de quelque chose d'autre, d'une représentation dont le sens échappe et qui invite l'esprit de celui qui les regarde, à s'avancer vers des réseaux de significations encore à venir. Il y a là, suivant l'expression même de Breton dans le premier manifeste, une esthétique toute à posteriori."
 
par Jean Fisette
 
 
 
 
 

 

samedi 7 février 2015

LES VIOLONS DE MONSIEUR INGRES





Violon d'Ingres...

L'expression est passée depuis longtemps dans le langage courant et Baudouin Espachasse, dans Le Point du 26 février 2013 nous en dit un peu plus sur le fameux instrument et son propriétaire....


 
Le violon de Jean-Auguste-Dominique Ingres
 
 
"C'est l'histoire d'un modeste violon d'étude devenu, au fil des siècles, une véritable icône. Estimé à 50 francs au moment de la succession de Jean-Auguste-Dominique Ingres, décédé à Paris le 14 janvier 1867, l'instrument de l'artiste vaut aujourd'hui bien davantage. "Il est devenu un symbole", estime Anne Houssay, du laboratoire de recherche de la Cité de la musique, à Paris, qui a restauré l'instrument en 2005. Ce violon, conservé au musée que la ville de Montauban consacre à son "grand homme", n'a-t-il pas donné naissance à une expression qui a fait florès ?

Si l'on appelle aujourd'hui "violon d'Ingres" son hobby ou son passe-temps favori, c'est que l'auteur de La grande odalisque et du Bain turc entretenait une véritable passion pour la musique. "Si je pouvais vous rendre tous musiciens, vous y gagneriez comme peintres. Tout est harmonie dans la nature : un rien dérange la gamme et fait une note fausse. Il faut arriver à chanter juste avec le crayon ou le pinceau aussi bien qu'avec la voix ; la justesse des formes est comme la justesse des sons", estimait l'artiste mélomane.
Ingres maniait avec autant de talent l'archet que le pinceau. Née sous la plume de son gendre, le journaliste Émile Bergerat, la formule "violon d'Ingres" rend compte, à sa manière, de la vocation contrariée du peintre. Initié très jeune par son père, sculpteur et lui-même violoniste à ses heures, le futur portraitiste officiel de Napoléon était suffisamment doué pour se produire dans des concerts privés dès l'âge de 8 ou 9 ans. De nombreux témoignages attestent ainsi qu'il joua fréquemment devant la haute société montalbanaise. Dans son journal intime, Ingres confie d'ailleurs avoir hésité jusqu'à ses 11 ans entre la peinture et la musique. À 20 ans, on le retrouve deuxième violon au sein de l'Orchestre du Capitole. Ses cachets de musicien lui permettent alors de financer ses études artistiques à Toulouse.

Même s'il devait confier plus tard ne pas avoir "la dextérité ni l'habileté des vrais artistes", Ingres n'en appuyait pas moins sur la bonne note... "Il était très bon musicien. [...] Mais jamais il n'a eu la prétention de se poser en virtuose", devait préciser sa veuve, Delphine, dans une lettre au Figaro le 4 août 1885. Amateur de musique de chambre, il révérait Mozart, Gluck, Beethoven et Haydn. "Le fonds de sa bibliothèque compte d'ailleurs une cinquantaine de partitions de chacun de ces compositeurs", constate Jean-Marc Andrieu, chef d'orchestre des Passions, formation baroque montalbanaise qui jouera le 12 mai prochain quelques-uns des airs préférés du peintre à l'orangerie du château de Rochemontès à Seilh.
De l'origine de l'instrument lui-même, on ne sait, en revanche, pas grand-chose. Son étui noir, doublé d'un tissu feutré vert, ne porte aucune indication de provenance. "C'est ce que les musiciens appellent un Arlequin : un assemblage de morceaux hétéroclites. Le dos est du début du XVIIIe siècle. La table et le manche sont bien postérieurs", énonce le violoniste Flavio Losco, qui a eu la chance de le jouer lors d'un concert exceptionnel organisé en 2006. Consolidé à plusieurs reprises en raison de fractures diverses, l'instrument a, de toute évidence, bien vécu.

Était-ce pour autant l'unique violon du peintre disparu à 86 ans ? C'est peu probable. Plusieurs indices laissent entendre que l'instrument ne serait pas le seul que jouait l'artiste... "Vu son triste état, je peine à imaginer qu'une personnalité comme Ingres, qui pouvait s'offrir de beaux violons italiens, ait utilisé celui-ci", glisse Anne Houssay. La taille de ce violon la rend, par ailleurs, perplexe. "C'est un petit instrument, plutôt de ceux qu'utilisent les enfants", note-t-elle. Son dos ne dépasse pas les 346 mm. À l'en croire, ces dimensions accréditeraient l'idée qu'il s'agissait plutôt d'un violon d'étude utilisé par le peintre dans sa jeunesse. "Mais Ingres n'était pas grand. Il mesurait, adulte, moins de 1 m 60", nuance Jean-Marc Andrieu. Reste que le testament de l'artiste, rédigé dans les derniers jours de 1865, prévoit de ne donner à la ville de Montauban que l'"un de [s]es violons". Pour Florence Viguier-Dutheil, directrice du musée Ingres, cette mention prouve bien qu'un second instrument existe.
La conservatrice en est d'autant plus certaine qu'un courrier retrouvé dans les archives municipales ne laisse plus de place au doute. Il s'agit d'une lettre, datée du 10 juillet 1935, qui émane d'un antiquaire de Lille. Elle évoque, noir sur blanc, l'existence d'un deuxième violon ayant appartenu au peintre. Un instrument que l'antiquaire se proposait justement de vendre au directeur du musée ! Qu'est-il devenu ? "Il n'a, hélas, pas été acheté à cette époque par le musée, mais a dû l'être par quelqu'un d'autre plus tard. Il doit aujourd'hui encore se trouver dans une collection privée en France ou à l'étranger", imagine la conservatrice. "Le jour où il ressortira sur le marché, il permettra de comprendre plus finement le rapport d'Ingres à la musique et la place du violon de Montauban", conclut-elle.


 
Jean Auguste Dominique Ingres-1959 autoportrait
 
 
 
 






 

SOUS LE SIGNE DE VENUS : LES PREMIERS NUS FEMININS DE L'AGE PALEOLITHIQUE



Depuis les temps les plus reculés, peintres et sculpteurs se sont intéressés à la figure féminine dans sa nudité. Du fond des grottes de nos ancêtres jusqu'à aujourd'hui, le corps féminin a été investi d'une forte charge de fécondité et d'érotisme.



 
 
 

 
 
 

 
LA VENUS DE WILLENDORD
 
 
La Vénus de Willendorf est une statuette en calcaire du Paléolithique supérieur conservée au Musée d'histoire naturelle de Vienne (Autriche).

Elle a été découverte en 1908 sur le site d'une ancienne briqueterie à Willendorf, région de la Wachau, un petit village situé à 24 km de Krems an der Donau sur le Danube (Basse-Autriche).
La stratigraphie reconnue lors des fouilles effectuées sur le site a permis d'attribuer la statuette au Gravettien et de lui attribuer un âge relatif d'environ 23 000 ans avant l'ère chrétienne. Cette statuette fait partie des Vénus paléolithiques, pratiquement toujours très corpulentes et stéatopyges (La stéatopygie est une hyperplasie génétique du tissu adipeux de la région fessière, s'étendant souvent à la partie antéro-latérale des cuisses et parfois jusqu'au genou).
Ces traits, que l'on retrouve notamment chez la Vénus de Lespugue (Haute-Garonne), réalisée en ivoire, sont souvent interprétés comme des symboles de fécondité. Une autre figurine, également en ivoire mais dont seule la tête nous est parvenue, semble faire exception par sa finesse : il s'agit de la Dame de Brassempouy découverte dans les Landes.




 
 

 
 

 
LA VENUS DE LESPUGUE
 
 
Elle a été découverte le 9 août 1922 par René de Saint-Périer dans la grotte des Rideaux, une cavité située dans les gorges de la Save, à Lespugue (Haute-Garonne). Alors que la fouille du site était achevée, un ultime coup de pioche mit au jour la statuette et l'endommagea fortement. Contrairement à d'autres œuvres analogues, celle-ci a été découverte dans un contexte archéologique précis : l'industrie lithique et osseuse de la couche où elle se trouvait appartient au Gravettien (burins de Noailles, pointes de sagaies à rainures, lissoirs, perles en os), autrefois appelé Périgordien supérieur.
 
 
La statuette est en ivoire de mammouth. Brisée lors de sa découverte, elle mesure après reconstitution 147 mm de haut, 60 mm de large et 36 mm d'épaisseur.
La forme générale correspond aux canons stylistiques mis en évidence par A. Leroi-Gourhan : les seins, le ventre et les hanches s'inscrivent dans un cercle autour duquel un losange inclut la tête et les jambes. La loi de frontalité est respectée.
La tête est petite et ovoïde, dépourvue de détails anatomiques. Elle porte des traits gravés plus ou moins parallèles interprétés comme une figuration de la chevelure. Les seins et les fesses sont très volumineux, pratiquement sphériques (stéatopygie). Les jambes sont courtes et se terminent par des ébauches de pieds.
Sur la face dorsale, une série de stries longitudinales parallèles part d'un trait horizontal situé sous les fesses. Ces éléments ont fait l'objet de nombreuses interprétations, faisant notamment référence à un vêtement, une sorte de pagne.




VENUS DE BRASSEMPOUY
 
La Dame de Brassempouy, appelée aussi Vénus de Brassempouy ou Dame à la Capuche est un fragment de statuette en ivoire. Datant du Paléolithique supérieur (Gravettien), elle constitue l’une des plus anciennes représentations de visage humain.
 
Brassempouy est un petit village du département français des Landes, sur le territoire duquel se trouvent deux gisements parmi les plus anciennement explorés en France, distants d’une centaine de mètres, la galerie des Hyènes et la grotte du Pape.
 
 
 
 

vendredi 6 février 2015

JEAN AUGUSTE DOMINIQUE INGRES - AUTOPORTRAIT ET PORTRAIT PAR DAVID

 
 
 
Jean-Auguste-Dominique Ingres, né le 29 août 1780 à Montauban et mort le 14 janvier 1867 à Paris], est un peintre français néo-classique du XIXe siècle.
 
 
 
 
Jean Auguste Dominique Ingres-1804 AUTOPORTAIT A L'AGE DE 24 ANS (tableau repris en 1850)


 
Jacques-Louis David-années1800 PORTRAIT D'INGRES
 
Ingres se rend à Paris, en 1796, pour étudier sous la direction de David.
 
 
 
 
 

POUR COMMENCER...

 
 
 
Musée du Louvre, Paris, France



Il y a déjà quelques temps que j'envisageais de créer une page généraliste consacrée aux arts plastiques...

De récentes déconvenues dues à la censure de certaines de mes publications sur un réseau social que je ne nommerai pas m'incitent à ouvrir ce blog généraliste consacré aux arts plastiques sous toutes leurs formes, de toutes les époques, qu'il s'agisse d'œuvres de grands maîtres ou celles d'amateurs éclairés.

On y trouvera du connu, voir archi connu, tout comme du plus confidentiel. On y parlera d'expositions, des artistes et d'autres choses encore, le tout parfois illustré par de la poésie ou des extraits littéraires...

Au fil des jours et de mon humeur j'aimerais en faire un peu mon musée imaginaire ou les œuvres seront classées par thématiques....

En espérant que mon plaisir sera le votre, merci de votre visite et de vos commentaires qui seront les bienvenus.




 
FRANCOIS GILIBERT-Ingres visitant la nouvelle école de dessin de Montauban sous la conduite de son ami Gilibert en 1826
 
Jean-François Gilibert était un ami d'enfance d'Ingres avec lequel le peintre entretint une importante correspondance. Cet ami resté toute sa vie durant à Montauban permis à Ingres d'obtenir des nouvelles régulières de sa famille mais aussi de ses affaires dans sa ville d'origine.